Le camp dans la guerre
La réouverture du camp d’Argelès-sur-Mer fait suite à l’entrée de la France en guerre. Le camp avait été réaménagé durant l’été.
Le camp d’Argelès-sur-Mer rouvre officiellement au mois de septembre 1939. Après avoir été vidé de ses derniers occupants à la fin du mois de juin, il a été entièrement repensé par les services de l’aménagement des camps des Pyrénées-Orientales. Les travaux ont été assurés par deux Compagnies de travailleurs espagnols durant l’été. A sa réouverture, le camp est prêt à recevoir près de 15.000 personnes, dans des baraques de bois, sur le modèle des camps militaires développés au printemps 1939. Le camp d’Argelès-sur-Mer conserve alors son découpage en différents sous-camps. Argelès-sur-Mer réapparaît dans les états statistiques des camps le 14 septembre 1939 avec l’inscription de 177 Espagnols. Le 23 septembre, leur nombre est porté à plus de 1500, puis à 3000 le 27 septembre et enfin à 5000 à partir du 29 septembre. Ils sont alors rejoints le lendemain par 1221 femmes et enfants. Le 28 octobre 1939, le camp d’Argelès-sur-Mer compte 16 406 internés dont 12 423 hommes, 2001 femmes et 1982 enfants.
Camp des femmes et des enfants, Argelès-sur-Mer, fin 1939/début 1940. Photo Manuel Moros. Fonds Jean Peneff.
La forte présence de mineurs à l’automne 1939 dans le camp d’Argelès-sur-Mer se répète dans le camp voisin de Saint-Cyprien. Pour la première fois, l’armée française doit donc faire face à un nombre important d’enfants qui sont isolés, avec les femmes, du reste des hommes. L’autorité militaire met donc en place à Argelès-sur-mer un camp dit des « femmes ». Le camp des hommes, lui, sert essentiellement à procéder à la levée de Compagnies de travailleurs étrangers ainsi qu’au prélèvement d’ouvriers spécialisés pour l’économie nationale et de bras pour les besoins de l’agriculture. Ce sont près de 30 000 hommes transférés sur Argelès-sur-Mer qui sont mis au travail par l’entremise des Ministères de la Guerre, du Travail et de l’Agriculture entre le mois de septembre 1939 et le mois de mai 1940. Sous la surveillance de la Sûreté Nationale, le camp dispose aussi d’un ilot spécial destiné à servir de « prison », mais aussi prévu pour recevoir les Espagnols arrêtés sans papiers sur le département des Pyrénées-Orientales.
Fête du 24ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais au parc automobile du camp d’Argelès-sur-Mer, février 1940.
Fonds Couderc. Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer.
L’attaque allemande de la France et de la Belgique va considérablement changer le visage du camp d’Argelès-sur-Mer dont les effectifs au printemps 1940 sont majoritairement des femmes et des enfants espagnols ainsi que des malades, blessés et des mutilés. Le camp se remplit à nouveau dans l’urgence, avec l’arrivée dans le courant du mois de mai 1940 de plusieurs milliers de jeunes recrues de l’armée Belge, préfigurant la débâcle. D’autres militaires dont des unités de l’armée polonaise, tchécoslovaque et française rejoignent aussi le camp d’Argelès-sur-Mer au mois de juin. Des aviateurs français y stationnent ainsi que 92 pilotes polonais qui n’ont pu embarquer vers l’Afrique du Nord ou l’Angleterre. Suite à la mise en place de la zone occupée après la convention d’armistice du 22 juin 1940, le camp d’Argelès-sur-Mer voit arriver de très nombreux réfugiés venus de différents camps français dont des anciens brigadistes internés à Gurs. Certains internés reviennent alors au camp pour la seconde fois.
Construction de baraques au camp d’Argelès-sur-Mer. Photographie Enrique Tapia Gimenez. Fonds Henri Tapia.
Des réfugiés toujours mis au travail
La réouverture du camp d’Argelès-sur-Mer marque le retour d e la création de Compagnies de Travailleurs Etrangers dans le camp. Durant les trois premiers mois de l'année 1940 ce sont ainsi quelques 3000 Espagnols qui sont mobilisés dans des C.T.E mises sur pieds à Argelès-sur-Mer. Le camp dispose aussi de ses propres compagnies, dont la 227ème Compagnies de Travailleurs des Transports Espagnols.
Membres du 227e Compagnies de Travailleurs des Transports Espagnols, mars 1940. Fonds Couderc. Mémorial d’Argelès-sur-Mer.
Témoignages
Rosa Laviña
Nous sommes restées deux jours dans le train, mais il se trouve que pendant le voyage, un groupe de femmes, dans un autre wagon, suivait notre trajet sur une carte ; elles se sont aperçues que l’on se dirigeait vers le sud, vers l’Espagne…