Du camp au Chantier de la jeunesse

Au printemps 1942, alors qu’il ne subsiste plus qu’un hôpital et des travailleurs étrangers, le camp d’Argelès-sur-Mer devient un Chantier de la Jeunesse française avant de fermer définitivement au mois de novembre de la même année

En juin 1942,  le ministère de l'Intérieur cède le camp au ministère de l'Education Nationale. La convention stipule que ce dernier «prend les constructions et les aménagements dans l'état où ils se trouvent , s'engageant à ne formuler ultérieurement aucune réclamation»... Le camp est en effet dans un état de délabrement avancé avec de nombreuses baraques écroulées. Des travaux d’aménagement sont alors entrepris. Le 8 septembre 1942, le camp d’Argelès-sur-Mer devient officiellement un chantier de jeunesse du Groupement 29 qui dispose aussi de chantiers à Formiguères (Pyrénées-Orientales), à Saint-Amans-Valtoret (Tarn) et à Pissos (Landes). L’arrivée de l’armée allemande en zone sud le 12 novembre 1942 va précipiter la fermeture du site. 

 Vue du chantier de jeunesse du camp d’Argelès-sur-Mer.

Vue du chantier de jeunesse du camp d’Argelès-sur-Mer. Fonds Couderc, Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer. 

En novembre 1942, l’état-major allemand ordonne aux troupes françaises d’évacuer une bande de 40 kilomètres à partir du front de mer vers l’intérieur des terres. Le préfet des Pyrénées-Orientales est informé de la décision de la fermeture du centre d’hébergement de Rivesaltes et du Barcarès prise par le ministère de l’intérieur le 21 novembre 1942. A cette date, seul l’hôpital du camp fonctionne encore en marge du Chantier de Jeunesse. Le camp est démonté dans les derniers jours du mois de janvier 1943 dans la confusion la plus totale. Le chef de la Légion Française des Combattants de l'union du Roussillon s’en offusque auprès du préfet le 2 février précisant que des centaines de personnes « ont emporté tôles ondulées, madriers, planches, poêles, charbon et en général tout ce qui leur tombait sous la main. Ceci, sans le moindre contrôle, ni feuille de cession ou de prise en charge, malgré la présence effective des Chefs de Chantiers»…

Le camp d’Argelès-sur-Mer au début de l’année 1942.

Le camp d’Argelès-sur-Mer au début de l’année 1942. Fonds Couderc, Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer.

Une enquête de gendarmerie va être menée. Le 5 février, l'officier rend ses premières constatations après avoir entendu les différents protagonistes. Le commissaire du camp de jeunesse d'Argelès assure avoir fait appel aux services du groupement 29 pour sauver un maximum de matériel avant l'expiration de l'évacuation prévue au 31 janvier à minuit. Ces matériaux ont été transportés en gare d'Elne et d'Argelès à l'aide de nombreux véhicules pouvant laisser croire à un vol organisé. Le commandant de gendarmerie conclut dans son rapport préliminaire à une «affaire démesurément grossie sur foi de renseignements erronés» même s’il n'exclut pas que des vols aient pu avoir lieu. Début février 1943, les Allemands viennent à leur tour procéder au démontage des dernières baraques en vue d’installer un cantonnement. A cette date, le camp d’Argelès-sur-Mer n’est plus qu’un champ de ruines qui va peu à peu disparaître pour laisser place à une plage à nouveau vierge.  

L’ Orchestre Iberia, orchestre du camp d’Argelès-sur-Mer, en 1942.

L’ Orchestre Iberia, orchestre du camp d’Argelès-sur-Mer, en 1942. Fonds Couderc, Mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer.

Le camp en 1942

Cette photographie de l' I.G.N, datée de 1942,  montre l'emprise du camp et des différents bâtiments qui le composent alors. L'on observe que le camp s'étend au nord du vieux Tech, avec l'implantation de hôpital, jusqu'à la limite du lotissement "Foncia" au sud. 

Vue aérienne du camp d'Argelès-sur-Mer en 1942. IGN.