Femmes et enfants

La réouverture du camp en septembre 1939 s'accompagne de l'apparition d'une  forte proportion de femmes et d’enfants dans les effectifs du camp.

L’arrivée massive de femmes et d’enfants au camp d’Argelès-sur-Mer à l’automne 1939 intervient après la réorganisation du camp réalisé durant l’été. Contrairement à la première période, entre février et juin 1939, le site dispose alors de baraques dédiées à l’internement de cette population de réfugiés. Ces baraques  sont sensiblement les mêmes que celles construites au printemps 1939. Des bicoques en bois, sommairement isolées par du carton bitumé, qui ne disposent pas toutes de plancher. Les structures sanitaires dédiées à cette population fragilisée demeurent insuffisantes. Pour la première fois à Argelès-sur-Mer, l’administration du camp doit donc faire face à la présence en nombre d’enfants qui sont isolés, avec les femmes, du reste des hommes à travers une séparation matérialisée par des barbelés.

Fin décembre 1939, le camp d’Argelès-sur-Mer compte 15.500 internés dont 6600 femmes et enfants. Soit près de la moitié de son effectif. L’autorité militaire s’appuie donc sur les rares organisations humanitaires déjà présentes dans les camps du sud de la France pour palier à des carences organisationnelles accrues par l’état de guerre. Elisabeth Eidenbenz, du Secours Suisse, est en première ligne du dispositif d’aide à cette population fragilisée. L’oeuvre de cette jeune institutrice prend donc corps avec la mise en place de la maternité de Brouilla qui fonctionne de la mi-mars au 20 septembre 1939 et qui enregistre 33 naissances dont plus de la moitié des mères sont des femmes internées à Argelès-sur-Mer et Saint-Cyprien.

L’ouverture de la Maternité d’Elne, à l’automne 1939, permet à la majorité des mères internées sur les plages du Roussillon de sortir temporairement des camps. Toutes les mamans n’accouchent toutefois pas à la maternité d’Elne qui devient de facto la maternité des camps. L’Infirmerie-Hôpital du camp d’Argelès-sur-Mer enregistre une première naissance le 27 décembre 1939. De janvier à avril 1940, le camp enregistre ainsi six naissances dans son hôpital géré par du personnel espagnol avec l’aide des volontaires suisses. Ces derniers travaillent alors de concert avec Dorothy Morris et Barbara Wood du comité anglais des Quakers préfigurant ainsi une fois de plus l’amplification de l’aide humanitaire avec le Cartel et les Quakers dans les camps d’étrangers du sud de la France.