La mortalité du camp

Officiellement, le camp d’Argelès-sur-Mer a enregistré entre le mois de février 1939 et le mois de novembre 1941, 215 décès. Ce chiffre s’appuie sur les actes de décès envoyés par la Sûreté nationale à l’état-civil de la commune. Il ne prend donc pas en compte les décès suite à des transferts dans des structures de soin hors du camp, comme l’hôpital de Perpignan où étaient envoyés les cas les plus graves, ni ceux de réfugiés décédés hors du camp. Ce chiffre de 215 ne reflète donc pas la mortalité plus élevée au regard du nombre d’internés qu’enregistre le camp à partir de sa réouverture à l’automne 1939.

 Le premier décès enregistré au camp date du 9 février 1939. Il s’agit d’un homme de 60 ans. Neuf autres décès sont enregistrés au mois de février. Les corps sont alors inhumés dans le cimetière d’Argelès-sur-Mer, mais devant le nombre croissant de morts, la commune cherche un terrain d’environ un hectare pour y installer le cimetière du camp. Ce « cimetière des Espagnols » va être installé sur un terrain cédé par un particulier au mois de mars 1939. De février à juin 1939, la municipalité enregistre 48 décès, uniquement des hommes, tous de nationalité espagnole. Leur nombre diminue alors que les effectifs du camp baissent. D'octobre 1939 à juin 1940, la commune enregistre 52 morts, 30 hommes et 22 femmes, et les premiers décès d’enfants : 21 ont moins de 3 ans… A cette mortalité infantile vient s’ajouter la présence d’étrangers qui ne sont pas nés en Espagne. Cette part augmente avec l’arrivée de nouveaux indésirables alors que la mortalité augmente en raison d’épidémies . De l’été 1940 à l’été 1941, l’hôpital du camp d’Argelès-sur-Mer enregistre donc le décès 23 nomades ainsi que de nombreux étrangers non Espagnols.

Le cimetière du camp est quant à lui ravagé par les inondations d’octobre 1940. L’emplacement des tombes a été creusé par les eaux en furie. Les corps sont à nouveau inhumés à proximité. Le dernier décès enregistré au camp remonte à la fin du mois de septembre 1941. En 1953, alors que la commune a acquis un bout du terrain de l’ancien cimetière, un citoyen belge offre une stèle où sont inscrits les noms d’une partie des internés décédés au camp et enregistrés comme tels (souvent avec des prénoms francisés) dans le registre de l’état-civil de la commune. Cette stèle est installée à l’endroit où furent brulées les croix de bois après les inondations d’octobre 1940. Ce « cimetière » fut longtemps entretenu par les anciens internés du camp.